Bourse/Finance
Marché boursier : La résilience bancaire au cœur de la volatilité
Après une année 2024 marquée par les incertitudes macroéconomiques et monétaires, le secteur bancaire européen aborde 2025 avec une assise financière renforcée. Les fondamentaux, qu’il s’agisse des bilans, des ratios de solvabilité ou de la qualité des actifs, apparaissent solides. En parallèle, le marché obligataire offre un terrain favorable aux établissements, qui profitent de la demande des investisseurs en quête de rendement.
Des primes de risque en net resserrement
Le resserrement spectaculaire des spreads de crédit sur les dettes bancaires illustre la confiance retrouvée des investisseurs. Entre décembre 2024 et septembre 2025, les primes de risque des dettes subordonnées financières investment grade sont passées de 145 à 122 points de base, et celles des titres hybrides AT1 en euros de 358 à 299 points de base.
Même tendance sur le marché high yield, où les écarts se sont contractés de près de 30 points.
Ce mouvement reflète une double dynamique : d’une part, la baisse des anticipations de défaut sur le secteur bancaire, d’autre part, l’appétit des investisseurs pour des rendements attractifs dans un contexte de normalisation des politiques monétaires. Les obligations bancaires apparaissent ainsi comme un point d’équilibre entre rendement et sécurité perçue.
La solidité des établissements européens est confirmée par des bilans assainis au cours de la dernière décennie, marquée par les stress tests de la BCE et des exigences réglementaires renforcées (Bâle III et bientôt Bâle IV). Les ratios CET1 des grandes banques dépassent désormais 13 % en moyenne, bien au-delà des seuils minimaux, ce qui offre un matelas confortable face aux éventuels chocs.
Rentabilité et nouveaux défis
Pour autant, le secteur ne navigue pas sans défis. La pression sur les marges s’accentue avec la baisse des taux initiée en juin 2024 par la BCE, qui réduit progressivement l’avantage que les banques tiraient de la hausse précédente des taux d’intérêt. Dans ce contexte, la diversification des sources de revenus, notamment via la gestion d’actifs, l’assurance ou la banque de détail digitale, devient un impératif stratégique.
Les défis technologiques sont également au cœur des priorités. La montée en puissance de l’intelligence artificielle et des fintechs oblige les grands groupes à accélérer leurs investissements dans l’innovation et la cybersécurité. Les banques doivent arbitrer entre la recherche de rentabilité à court terme et la nécessité de financer des transformations structurelles, notamment dans les services numériques.
Enfin, le secteur reste exposé aux risques macroéconomiques : ralentissement de la croissance en zone euro, fragilité de l’immobilier commercial, tensions géopolitiques susceptibles d’affecter la liquidité des marchés. Mais la tendance actuelle montre une résilience notable, appuyée par la confiance des marchés de capitaux et la discipline financière des établissements.
Les banques européennes abordent 2025 en meilleure posture qu’au cours des précédentes périodes de stress. Leur solidité financière, alliée à un marché obligataire redevenu favorable, constitue un atout majeur. Mais leur capacité à préserver leurs marges et à innover sera déterminante pour maintenir la confiance à long terme.
Sources : Lazard Frères Gestion