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Depuis vingt ans, cette classe d'actifs rivalise avec les actions

Longtemps perçu comme un segment risqué et cyclique, le segement des obligations High Yield européen offre pourtant une performance cumulée presque équivalente à celle du marché actions sur les vingt dernières années. Avec une volatilité plus modérée et une résilience éprouvée lors des phases de stress, cette classe d’actifs retrouve de l’intérêt dans un environnement où les banques centrales s’orientent vers une détente progressive.
 

Une performance de long terme souvent méconnue
En 2025, le High Yield européen progresse de 4,9 % au 30 novembre, après une hausse de 8,5 % en 2024 et de 12,1 % en 2023. Sur longue période, depuis sa création en 2006, l’indice HEAE hors financières affiche une progression cumulée de 159 %, proche des 166 % du Stoxx Europe 600 dividendes réinvestis. L’indice incluant les financières dépasse même cette marque avec +178 %. Cette comparabilité interroge la perception courante selon laquelle les obligations à haut rendement se situeraient très loin derrière les actions en termes de potentiel.
 

Cette dynamique s’explique en partie par les rémunérations élevées offertes par ce segment, mais aussi par sa capacité à amortir les chocs. Lors de la correction de février–avril 2025, le Stoxx Europe 600 perdait 8,3 %, tandis que le High Yield ne reculait que de 2 %. Ce différentiel illustre une caractéristique fondamentale : une volatilité plus faible, aussi bien en données journalières que mensuelles, ce qui contribue à lisser la performance cumulée.
 

Vers une année 2026 favorable mais sélective
Les perspectives pour 2026 s’inscrivent dans un environnement plus stable que prévu : croissance modérée, détente monétaire progressive, bénéfices d’entreprises bien orientés. Lazard Frères Gestion met toutefois en garde contre un excès d’optimisme. Les spreads actuels, historiquement serrés, ne reflètent pas intégralement les risques sectoriels et pourraient limiter le potentiel de resserrement. Le segment restera sensible aux défauts d’émetteurs fragilisés par la hausse passée des taux, même si la baisse annoncée des coûts de financement allège partiellement la pression.
 

Le mouvement de fond reste néanmoins favorable : tant que la croissance ne s’effondre pas et que l’inflation continue de refluer, les portefeuilles de crédit bénéficient d’un couple rendement/risque attractif. Pour les investisseurs institutionnels comme privés, le High Yield s’impose de nouveau comme une composante pertinente d’une allocation diversifiée, à condition de privilégier la sélectivité, la qualité du bilan des émetteurs, et la gestion active.
 

Sources : Lazard Frères Gestion ; données HEAE et Stoxx Europe 600